La radiation adaptative, ça fait pas mal au moins ?

Radiations adaptatives et diversité écologique des rongeurs caviomorphes durant le Paléogène : caractérisation des composantes écologiques et de la répartition des ressources alimentaires (modèles actuels vs fossiles).

Oui mais, "radiation adaptative", déjà, ça veut dire quoi ?

Premiers mots, premiers pas ...

Je préviens que ça va commencer à être un peu velu. Je vais aborder des thèmes scientifiques et bien que j’essaie de faire simple, ce n’est pas toujours évident. J’essaie de vous proposer des exemples, histoire de rendre le truc moins lourd à lire (et à digérer).

Commençons par le début : « radiations adaptatives ».
Késaco ?

Certains auront flairé le faux ami, bien joué. Ici « radiation » n’a en effet rien à voir en dehors de son étymologie, avec les radiations de Marie Curie (ou plus récemment Fukushima). Il ne s’agit donc pas de radiations radioactives.

Bon, poussons l’exercice à fond, « radiation » d’où ça sort. Comme un bon paquet de mot de notre belle langue de Molière, ça vient du latin avec un sens proche de « rayonnement » (merci le Wiktionnaire).

En biologie, puisque c’est le sens qui nous intéresse, « radiation » est utilisé pour nommer le phénomène évolutif qui consiste à observer en un temps t une espèce avec une morphologie A et en un temps t+n x espèces avec des morphologies A’, A’’, A’’’, ...
La radiation est une radiation adaptative lorsque ces nouvelles morphologies sont des adaptations à différentes niches écologiques.
En gros une niche écologique c’est à la fois la place de l’espèce dans l’écosystème et l’ensemble des conditions nécessaires pour que cette espèce survive. Théoriquement, chacun sa niche (chacun son chemin, passe le ... pardon) et pas de colocation possible (ce qui est plus ou moins vrai).

"Un exemple ! Un exemple !" réclamait la foule en délire ...

Pour résumer sur les radiations adaptatives, un des exemples les plus connus vient de Darwin (encore lui, oui, on est le boss ou on l’est pas). Darwin a observé des pinsons (des piafs quoi, tout de suite moins épique) sur différentes îles proches.

En gros (en très gros), il a découvert qu’un tas d’espèces de pinsons cohabitaient parce que chacune avait un bec adapté à un certain type de nourriture (le casse noix, le fin pour aller fouiller, le petit pour les petites graines etc). Et tout ça alors que sur le continent, lieu vachement plus vaste (scientifiquement on dit aussi « grave vaste », ça dépend des jours en fait), il n’y avait pas tant de diversité, les pinsons ayant plutôt des becs permettant de manger plein de trucs différents mais pas de manière ultra performante (ce qu’on appelle une espèce généraliste).

Différentes espèces de pinsons de l'archipel des Galapagos.

Et histoire de pousser la compréhension à ses sommets, c’est comme les médecins. Votre généraliste s’y connait bien dans plein de pans de la médecine mais si on le met en concurrence avec un spécialiste sur une question de la même spécialité, il sera moins bon (sauf Dr House qui s’y connait dans pleins de pans de la médecine et mieux que tous les spécialistes du monde, mais il est pas vraiment médecin généraliste alors on va dire qu’il compte pas).

Ce que montre l’histoire des pinsons de Darwin, c’est que lorsqu’il y a une pression (ici la colonisation d’îles depuis un continent, avec la réduction des ressources que ça implique : moins de surface, moins de bouffe), il y a des adaptations spécialisées pour rester dans la course (même si en réalité, il y a plutôt sélection des morphologies les plus spécialisées et contre sélection de celles qui seraient restées trop généralistes).

La cohabitation n’étant possible que parce que chacun a son plat et que personne ne picore dans l’assiette du voisin.

Voilà ce qu’est une radiation adaptative. Des questions ?

Sources et conseils de lecture si envie d’en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Radiation_%C3%A9volutive
http://fr.wikipedia.org/wiki/Niche_%C3%A9cologique
et les sources de ces pages...